S’intégrer et devenir « Bi-Culturel » – Retraite Sans Frontières

Vivre mieux en dépensant moins !

S’intégrer et devenir « Bi-Culturel »

« Je n’oublierai jamais mon premier voyage au Maroc« , nous écrit Gérard M., retraité français à Essaouira.

« Ma femme et moi avons passé trois semaines magiques, toutes les personnes que nous rencontrions étaient gentilles, tous les sites visités étaient attirants, la nourriture était succulente et nous étions surpris de constater combien les prix étaient bas. A la fin de notre séjour, je n’étais pas motivé à l’idée de devoir retourner en France pour reprendre mon travail et je savais que nous reviendrions ».

« Deux ans et beaucoup de détermination plus tard, nous étions de retour au Maroc. Cette fois, nous avions acheté un billet aller simple pour célébrer le début d’une retraite anticipée. Assez jeunes pour apprécier la perspective de plusieurs dizaines d’années de vie à l’étranger devant nous, nous ne pouvions pas être plus enthousiastes. Durant la première année, nous avons exploré tous les recoins du pays : Marrakech, Ouarzazate, Agadir, Essaouira, Fès… Ce fut fantastique! »

“Mais, voyageurs au long cours, nous nous sommes rendu compte que ce n’était pas une vie facile et nous avons décidé de changer notre stratégie et de nous poser dans l’un de nos endroits favoris pour recharger nos batteries.

Nous avons choisi comme port d’attache la petite ville côtière d’Essaouira. Vivant au cœur de la médina, frémissante d’activités de l’aube au couché du soleil, habitée par une des plus accueillantes populations de la planète, à proximité immédiate du petit port de pêche, nous pensions que la vie ne pouvait être plus belle ».

Pouvait-elle être plus belle?

« Essaouira possède de nombreux attraits, mais il y a des inconvénients à vivre là-bas (comme partout dans le monde d’ailleurs). Pour moi, qui vivait hors de France depuis plus d’un an à ce moment là, l’inconvénient majeur s’avérait être la nourriture.

La cuisine marocaine offre quelque uns des plats les plus variés et les plus sophistiqués du monde. L’arôme dégagé par les délicieux couscous se répand depuis les cuisines à chaque coin de rue. Plats de nouilles appétissants, légumes frais, succulente viande de mouton attendent les convives à chaque tournant.

Aussi pourquoi m’inquiéter de ne pas pouvoir trouver un steak frite digne de ce nom?

De petits détails avaient pris de l’importance et étaient pratiquement devenues des obsessions. Tout ce que je désirai, c’était un bon steak frites! »

« La plupart de gens qui quittent leurs pays pour vivre une vie d’expatrié passent comme moi par une phase de lune de miel, durant laquelle tout ce qui est différent est intéressant, nouveau et captivant.

« Cette phase est suivie dans la plupart des cas, encore une fois comme pour moi, par une délicate période d’ajustement. Beaucoup de gens (peut-être même la plupart) deviennent désorientés ou frustrés… voire même déprimés ou aigris. L’électricité est encore une fois coupée, internet est trop lent! Pourquoi est-ce que ce réparateur dit qu’il va passer ce matin et qu’il n’arrive qu’en fin d’après-midi? Pourquoi est-ce que personne ne parle français? la circulation est infernale…

Et pourquoi je ne peux pas trouver un steak frites digne de son nom! »

« Cela m’a pris longtemps, vivant au Maroc, pour m’extirper de cette phase d’ajustement. Après ma période lune de miel, je me suis interrogé pour savoir si le Maroc était vraiment le bon endroit pour vivre ma retraite et aujourd’hui je suis fier et heureux d’avoir réussi à passer ce cap et d’y être encore:

Ma perspective a changé doucement, subtilement, sans qu’au début je le réalise.

Puis, un jour, je suis allé diner dans un restaurant ou il m’était proposé un choix de plats orientaux et, pour la première fois, le couscous mouton m’est apparu être exactement ce que j’avais envie de manger! »

« J’ai appris à dormir malgré des nuisances sonores qui auparavant m’auraient apparues comme étant inacceptables, j’ai accepté de considérer le marchandage comme faisant partie d’un style de vie qui, non seulement structure le commerce dans cette partie du monde, mais qui aussi permet de faire des connaissances et de nouer des relations d’amitiés. Je me suis résigné au principe que si je voulais manger un steak frites, il faudrait le cuisiner moi-même ».

Il faut de la persévérance pour traverser avec succès cette phase d’ajustement.

Comment procéder quelque soit votre pays d’accueil?

> Vous faire des amis parmi la population locale, s’impliquer dans la communauté du quartier où vous vivez…

> Faire un effort pour apprendre la langue et la culture du pays, et pour approfondir votre compréhension des gens que vous appelez maintenant « mes voisins ».

> Accepter que ce qui est normal dans votre pays d’accueil n’ait rien à voir avec ce qui est considéré normal en France.

Une fois que vous aurez accepté les différences, vous atteindrez la phase finale de votre expatriation : l’acceptation.

Ce n’est pas facile de devenir « bi-culturel« . Mais avec un peu de détermination, de patience, de « positive attitude », et un brin d’humour, acquérir une autre culture est un cadeau qui arrive subtilement.

Un jour, dans votre pays d’adoption, vous allez soudainement réaliser que l’expression « retourner à la maison » n’a plus de sens pour vous car votre nouvelle maison est située là ou vous êtes maintenant ancré.

Paul Delahoutre

Auteur des guides « Retraite sans Frontières »