Prendre sa Retraite dans un Pays sans Corruption ? – Retraite Sans Frontières

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Prendre sa Retraite dans un Pays sans Corruption ?

 

Un lecteur m’a écrit la semaine dernière, pour me demander des informations sur le niveau de corruption des pays dont nous rapportons régulièrement, se demandant pourquoi on ne couvrait pas ce sujet plus souvent et plus directement.

Il faisait référence au rapport de « Transparency International (T.I) » une organisation internationale de la société civile, au premier plan de la lutte contre la corruption, qui diffuse tous les ans l’Indice de Perception de la Corruption (IPC), qui classe 180 pays du monde selon la perception de la corruption dans le secteur public. Il s’agit d’un indicateur composite qui associe différentes sources d’information sur la corruption, permettant ainsi d’établir des comparaisons entre les pays. Il note les pays à partir d’une échelle allant de 100 (haut niveau d’intégrité) à 0 (haut niveau de corruption).

On y découvre que le Danemark est le pays le moins corrompu du monde avec un score de 88, que la France arrive en 21ème position (72) et que deux tiers des pays ont une note inférieure à 50.

Les pays que je vous recommande dans mes guides « Retraite sans Frontières Monde » et « Retraite sans Frontières Portugal » et pour lesquels je vous communique les informations pratiques dont vous aurez besoin pour mener à bien votre projet de retraite à l’étranger, sont classés comme suit :

30ème Portugal 64
41ème Espagne 58
56ème Ile Maurice 51
67ème Sénégal 45
67ème Grèce 45
73ème Tunisie 43
73ème Maroc 43
89ème Indonésie 38
99ème Thaïlande 36

Le lecteur en question recherche un pays de retraite « confortable et exempt de toute corruption » et désire savoir où nous lui recommandons d’aller.

Je peux comprendre que vous puissiez baser votre choix d’un pays de retraite sur le climat, ou le coût de la vie, ou même (bien que je ne le recommande pas) sur le niveau des taxes et impôts à payer, mais prendre cette grande décision sur la base du niveau de corruption perçue? Focaliser vos recherches dans cette voie risque de vous mener à un endroit où vous ne désirez pas réellement aller.
D’autant plus qu’aucun endroit n’est exempt de corruption.

De plus, ce qui vous semble inacceptablement corrompu, ne le sera pas pour moi et vice versa. Comme l’étude de Transparency International le mentionne, c’est une question de perception.
Je ne baserais pas ma perception de corruption et son impact sur ma vie, sur une étude aussi sérieuse soit elle. Je la baserais sur mon expérience vécue dans ces pays.

Dans l’étude de T.I., l’Indonésie et la Thaïlande sont moins bien classés que le Maroc ou le Sénégal… et la Grèce est moins bien classé que l’Espagne.
Est-ce que le Maroc est moins corrompu que la Thaïlande ou l’Indonésie? La réponse à cette question dépend de vous et de ce que vous envisagez faire dans ces pays. La corruption que vous subirez à quelque endroit où vous vous trouverez dépend des activités dans lesquelles vous serez engagé.

Si votre intention est simplement de prendre votre retraite dans l’un ou l’autre de ces pays, je dirais que vous ne serez que peu affecté par la corruption dans la plupart des pays que nous suivons. Votre exposition sera limitée aux rapports que vous aurez avec la police locale et les services de l’immigration (demande de permis de résidence).
Si vous envisagez travailler, vous serez plus concerné.

Potentiellement, la raison la plus courante d’avoir à subir la corruption intervient face à un policier dans le cadre du respect du code de la route : vous n’avez pas respecté la priorité ou vous avez dépassé la vitesse autorisée etc…

J’ai été plusieurs fois victime de tentative de corruption dans de nombreux pays, à la fois dans le cadre de la circulation routière et dans celui de l’immigration à la frontière. Chacun de ces incidents aurait pu être réglé en glissant quelques dollars dans les mains du policier pour l’encourager à ne pas nous verbaliser.

Une fois, on m’a même très sérieusement expliqué que j’avais le choix entre un pot de vin (ou bakchich) et un ticket de verbalisation. Je n’ai jamais payé un pot de vin, et seulement en deux occasions j’ai été verbalisé officiellement (y compris la fois où payer un pot de vin m’avait été présenté comme une alternative pour laquelle je n’avais pas opté).

Prétendre ne pas parler un mot de la langue locale et agir comme quelqu’un qui ne comprend pas ce qui lui arrive, peut s’avérer une stratégie efficace. Cela a marché pour moi de Bangkok à Lisbonne.

Par contre, il y a quelques années, notre correspondant au Maroc a été arrêté pour excès de vitesse. Le policier lui a suggéré de lui verser sur le champ et en espèces 100 € pour expédier l’affaire. Connaissant le tarif officiel d’une telle infraction, il a négocié 50 € et l’affaire s’est conclue sur cette base.

Est-ce que c’était la bonne chose à faire?
Je ne me permets pas de juger. Je n’aime pas payer des pots de vin et je m’y refuse. Mais ce n’est pas à moi de dire ce que vous devez faire dans de telles situations. Notre correspondant a probablement pris une décision sage.

Est-ce que le Maroc est plus corrompu que l’île Maurice? Vraisemblablement puisque l’étude l’affirme. Est-ce qu’un retraité dans l’un ou l’autre de ces pays observerait une différence entre les deux? Probablement pas.

Devriez-vous décider où prendre votre retraite sur la base d’un rapport même sérieux sur la corruption?
Je pense qu’il y a des critères plus pertinents à considérer avant de prendre une telle décision.

Paul Delahoutre
Auteur des guides « Retraite sans Frontières »